EPISODE 1

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Cadre, racines et dérives: le monde du bien-être, de la spiritualité et de la naturopathie aujourd’hui

Présentation

Dans ce premier épisode du podcast des racines naissent les fleurs, nous allons tenter de défricher ce qui se passe dans le milieux de la naturopathie, des médecines complémentaires, du bien-être et de la spiritualité face à une actualité tempétueuse.

Nous allons essayer de comprendre les débats et les polémiques qui touchent ces milieux.  Nous parlerons plus largement de Naturopathie, dérives, bricolage spirituel, capitalisation du bien-être et de pratiques extractivistes.

Cet épisode s'adresse à la fois aux entrepreneurs du bien-être, aux thérapeutes du sensible mais aussi tout simplement aux personnes qui s'intéressent à la naturopathie, au bien-être et à la spiritualité.

Je suis Camille Pelloux, naturopathe, herbaliste, écofeministe et enseignante à l'école professionnelle supérieure de Naturopathie de Lausanne en Suisse. Je suis également artiste photographe et écrivaine.

Bonne écoute.


Sources et ressources:

Rapport officiel : 

Lien vers le rapport de la MIVILUDES

Rapport d’activité 2021, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires

https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/sites/default/files/publications/francais/MIVILUDES-RAPPORT2021_0.pdf , page 9.

Podcast :

  • Podcast Healthy living

Saison 5 #8 : Interview de Aude Veret : la naturopathie aujourd’hui

https://cenatho.fr/naturopathie-aujourdhui-podcast-healthy-living-itw-aude-veret/

  • Podcast la good vibe only

Quelles sont les différences entre le Newage et la Spiritualité ?

https://open.spotify.com/episode/6O2KHptLWZATRB2Ufaghrq

  • Podcast la good vibe only

Les origines du féminin sacré (le mouvement de la déesse et l’écofeminisme)

https://open.spotify.com/episode/3Ivn6mNIBprDu3J1iYBapc

Article en français :

  • Dérives du coaching 

https://www.lebonbon.fr/paris/societe/industrie-bien-etre-coaching-de-vie

  • Article sur l’exploitation des ressources liées à la spiritualité newage:

Peyote: https://www.wixarika.org/big-business-could-wipe-out-mexicos-sacred-psychedelic-peyote-cactus

Palosanto : https://www.nytimes.com/2019/12/16/style/self-care/palo-santo-wood-endangered.ht

Sauge blanche : https://www.nytimes.com/2019/12/16/style/self-care/palo-santo-wood-endangered.html

https://the-ard.com/2021/05/06/preserve-palo-santo-and-white-sage-anti-racism-daily/

Article en Anglais

  • Article sur les dérives du coaching

https://medium.com/swlh/the-dangers-behind-the-6-figure-online-business-coaches-cba4799a419d

https://www.inc.com/amanda-abella/the-business-coaching-industry-is-going-to-implode-heres-how-to-survive.html

  • La loi marco pour la pratique de la médecine traditionnelle au Mexique:

https://www.gob.mx/cms/uploads/attachment/file/38477/LeyMarcoMedicinaTradicional.pdf

Livres

  • Aline Mercan, Manuel de phytothérapie écoresponsable : se soigner sans piller la planète, terre vivante, 2021

  • Camille Teste, Politiser le bien-être sur la table, Binge Audio Editions, 2023

  • John Welwood Toward a Psychology of Awakening. Boston, MA: Shambhala Publications, 2000

Vidéos, documentaires

  • Vidéo sur la naturopathie. Réponse au martelage médiatique

Plateau France 3 avec la directrice du CENATHO (l'école de laquelle je suis diplômée).

https://www.afnat-naturopathie.fr/blog/aude-veret-secretaire-generale-de-l-afnat-sur-le-plateau-de-france-3-idf

Crédit : 

Herbergé par Ausha podcast

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Ecriture, réalisation et narration : Camille Pelloux

Illustration : Carlos Vazquez Ruckstuhl

Générique : Hit on me I Audiohub

Retranscription

Des Racines Naissent Les Fleurs, un podcast de Camille Pelloux pour un art de vivre et une spiritualité simple, enracinée avec la terre et ancrée dans nos quotidiens. 

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le premier épisode du podcast Des Racines Naissent Les Fleurs. 

Alors aujourd'hui, on va essayer d'implanter des racines solides et on va donc commencer par défricher le terrain, le milieu de la naturopathie, des médecines complémentaires, du bien-être et de la spiritualité, face à une actualité qui est tempétueuse. On va tenter de comprendre les débats et les polémiques qui touchent ces milieux, et on parlera plus largement de spiritualité, de dérive sectaire, de bricolage spirituel, de capitalisation du bien-être, et on abordera les thématiques de pratiques extractivistes. 

Cet épisode, c'est le premier volet d'une série de deux épisodes, et dans le prochain épisode, qui continuera dans la même lignée, on abordera des thématiques d'appropriation culturelle, dans le milieu notamment de la spiritualité. On parlera d'exotisme religieux, on parlera de néocolonialisme, notamment qui sévit dans le monde de la spiritualité, du bien-être et du développement personnel. Bref, on abordera d'autres thématiques qui sont aussi des critiques et qui font partie du défrichage de ce qui se passe dans nos milieux. 


Donc pour ce premier épisode on va passer au crible les points sensibles, et on va tenter d'émettre des critiques qui sont constructives. C'est important et c'est essentiel qu'on prenne du recul, qu'on s'observe et qu'on refonde nos façons de faire, et aussi et surtout qu'on délimite un cadre de pratique. Donc j'aborderai notamment le cadre de la pratique de la naturopathie, parce que c'est ce que je connais le mieux, puisque c'est ma profession. Et c'est vrai que tout ce que je vais vous raconter, c'était assez compliqué de le mettre en mots et de le retranscrire pour ce podcast. Ça a mûri pendant plusieurs mois et ce n'est vraiment pas des thématiques qui sont agréables à partager. J'espère qu'en tout cas, ça vous aidera à ouvrir votre discernement. En tout cas, moi, ça m'a fait grandir de préparer cet épisode. Ce ne sont pas des sujets faciles et ça va sûrement, du coup, vous confronter comme ça m'a confronté et ça va faire ressortir sûrement des inconforts. C'est tout à fait normal. Je suis par avance désolée de susciter ces sensations-là. Mon but, c'est avant tout de nous ouvrir les perspectives, nous faire grandir en conscience et de nous faire prendre du recul afin de faire émerger des propositions et des pistes pour faire évoluer nos manières de faire. Je sais que dans nos milieux, parfois, c'est difficile d'accueillir les travers un peu plus épineux. Et du coup, je ne me passe pas du tout comme toute puissante. J'ai juste l'impression qu'on est dans un moment clé, en fait, et on a besoin d'agir différemment. 

Ce que je peux vous conseiller, je ne sais pas si ça peut vous aider, mais je peux vous conseiller, en tout cas, de pouvoir avoir, après l'épisode, et dans les jours et les semaines qui arrivent, de quoi cultiver un espace intérieur pour vous ressourcer, pour ressentir de la sécurité, parce que c'est possible que tout ce qu'on va partager dans les deux prochains épisodes, ça suscite de la colère, de la culpabilité, de la honte, de l'incompréhension, des sensations et des émotions qui ne sont pas toujours forcément celles qu'on recherche. Donc, c'est l'idée, c'est que vous puissiez aussi être bienveillants avec vous-même. On fait tous des erreurs et le but, c'est simplement qu'on grandisse, qu'on grandisse ensemble. Donc, moi, je ne me place pas du tout en donneuse de leçon ni en supérieur parce que j'ai aussi fait mon chemin et je fais aussi mon chemin, je ne suis pas du tout impeccable et j'essaye simplement de me remettre en question et de pouvoir grandir aussi avec vous. 


Alors, avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais aussi vous rappeler que mon analyse, elle est forcément tentée de mon prisme. J'essaye d'être le plus neutre possible, mais indubitablement, mes réflexions, elles sont nourries par mes expériences et mes repères. Alors oui, je suis naturopathe, oui, j'ai un esprit analytique, mais je vous demanderais de la bienveillance si jamais il y a des sujets que vous sentez qui manquent d'expertise. Vous pouvez toujours enrichir mes propos et mettre des corrections en me contactant, notamment en message privé par Instagram. 


Pour placer le contexte, je suis donc naturopathe maintenant depuis 8 ans, diplômée du collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (CENATHO) à Paris. Donc c'est le collège qui a été créé par Daniel Kaeffer et c'est une référence aujourd'hui en naturopathie parce que Daniel Kaeffer notamment, il a été il a écrit pas mal de livres et il a il a défendu la cause de la naturopathie en France. Je suis aussi enseignante en Suisse et j'étais responsable pédagogique dans cette école qui s'appelle l’EPSN, donc l'École Professionnelle Supérieure de Naturopathie de Lausanne, entre 2019 et 2021. Donc j'enseigne encore là-bas, mais je ne suis plus responsable. Donc j'ai cette double casquette de voir ce qui se passe en France et de voir ce qui se passe en Suisse par rapport aux pratiques complémentaires de santé. J'observe que ce n'est pas du tout pareil. Par ailleurs, moi j'habite une partie de l'année avec mon compagnon mexicain au Mexique. Donc je suis entre les Alpes françaises, qui est ma contrée d'origine, et le Mexique. 


Alors bien que ce podcast s'adresse à tous les praticiens du monde de la médecine naturelle, complémentaire, du bien-être et de la spiritualité, à toutes les personnes que ça intéresse, je vais commencer par parler plus spécifiquement de la naturopathie et d'y mettre un cadre, puisque c'est notamment cette discipline qui a été visée par les médias et par des polémiques ces derniers mois. Donc je pense que c'est important de clarifier les contours de cette discipline qui est la mienne. Et puis ensuite, on rentrera dans le vif du sujet pour balayer l'ensemble des problématiques qui touchent ce milieu. 


Alors pour remettre en contexte déjà ce que c'est que la naturopathie, je vais commencer par rappeler la définition de ce que c'est que la naturopathie. Alors, vous pouvez trouver plein de définitions différentes, mais celle que je vais vous proposer, elle est claire : c'est en fait la naturopathie une discipline qui vise à conserver, optimiser et restaurer le bien-être et la vitalité sur le long terme, grâce à un art de vivre et des moyens naturels, dans le respect de la physiologie. Alors le naturopathe, il n'est en aucun cas un praticien professionnel de santé. C'est un éducateur de santé avant tout, c'est un enseignant qui va semer des graines et en cabinet, il va effectuer une lecture de terrain, un bilan de vitalité et accompagner en donnant des conseils en hygiène de vie. Il agit en prévention. 

Alors en France, faute de cadre légal, ce sont les naturopathes et les écoles de naturopathie qui se sont auto-structurées et donc qui ont créé un cadre déontologique et qui ont créé un minimum d'heures de formation en suivant les prérogatives internationales, notamment fournies par l'OMS et fournies par la fédération internationale WFN. Alors, selon ces recommandations, le nombre d'heures de formation est d'environ 1600 heures minimum. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il y a peu d'écoles en France qui suivent ces prérogatives-là. Et le cadre de pratique proposé aussi par ces différentes écoles, il suit un cadre déontologique. Ce cadre déontologique, il précise bien qu'en tant que naturopathe, on ne doit en aucun cas encourager l'arrêt d'un traitement médical ni l'arrêt de la consultation d'un professionnel de santé ou d'un médecin. Donc le naturopathe, il a obligation de se conformer à la législation du pays en vigueur et surtout, il doit être capable de délimiter son cadre de pratique et de connaître ses limites. Donc à quel moment je peux prendre en charge, à quel moment je ne peux pas prendre en charge, à quel moment je dois réorienter et déléguer au corps médical. Donc les naturopathes qui ont fait parler d'eux dans les médias et qui ont fait polémique, c'est soit des naturopathes qui n'ont pas respecté le cadre déontologique de la profession. Donc c'est des individus, on va dire, isolés, qui ne représentent pas la majorité des praticiens. Et puis c'est aussi des praticiens qui se disent naturopathes, mais qui n'ont pas de formation à proprement parler avec le nombre d'heures recommandées par les organismes internationaux. Donc, on va dire qu'aujourd'hui, comme ce n'est pas une profession qui est réglementée officiellement, il y a un petit peu de tout et n'importe quoi. Et il y a des personnes qui ont suivi des stages ou des formations en ligne très courtes et qui se disent naturopathes et qui accompagnent parfois de manière très approximative et qui dépassent les limites du cadre déontologique et qui flirtent avec les dérives qu'on va mentionner plus bas. Donc, il faut bien savoir qu'en France, la France, ce n'est pas le reflet du monde. Donc, la naturopathie en France, elle n'est pas reconnue. Mais en Suisse, par exemple, elle est reconnue au niveau fédéral. En Allemagne, elle est reconnue au niveau étatique. Aux États-Unis, il y a dix États qui l'ont légalisée. Et puis, dans d'autres pays, elle est réservée aux médecins. Donc, c'est une pratique, une discipline qui n'est pas figée dans sa reconnaissance, ça va vraiment dépendre des zones géographiques, et c'est une pratique qui est en perpétuelle évolution. Voilà, donc ça c'est le point que je voulais aborder pour vous renvoyer vers des références concernant la naturopathie. Je vous ai mis dans la description du podcast et dans l'article qui est renvoyé dans cette description du podcast, des références, donc les références que je mentionnerai dans ce podcast, mais aussi des références pour enrichir le débat. Vous trouverez notamment le lien de deux interviews d'Aude Véret, la directrice du CENATHO — l'école de laquelle je suis issue. Aude qui a pris le relais de Daniel Kieffer, le fondateur. Et donc dans ces deux interviews, elle remet bien le cadre de la pratique et elle va vous répéter tout ce que je viens d'énoncer, puisqu'il y a aussi des informations qui sont issues de ces interviews, que j'ai réutilisées. 


Alors maintenant, on va plonger dans le vif du sujet par rapport à notre thématique plus globale. Et pour commencer, j'avais envie de vous alerter, de vous rappeler, si vous avez déjà eu connaissance en fait, d'une actualité en fait, qui m'a moi personnellement encouragée à faire ce podcast, c'est la publication du rapport de la MIVILUDE. Alors, je ne sais pas si vous connaissez la MIVILUDE, mais la MIVILUDE, en fait, c'est la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires. Et c'est une mission interministérielle qui appartient au ministère de l'Intérieur. Alors, nous, en tant que naturopathes, on connaît bien cette mission, puisqu'on est sur la liste en fait des pratiques à risque depuis de nombreuses années. Donc, c'est pour ça qu'on a un cadre déontologique en tant que naturopathe et qu'on sait qu'il y a des pratiques qui se font, d'autres qui ne se font pas et qu'on doit être vraiment très vigilant à notre manière de travailler pour être dans une démarche éthique et sécuritaire et pour pas dépasser nos limites. Donc je vous invite à découvrir ce rapport, je vous l'ai mis aussi dans la description du podcast. Et ce rapport, il est en fait assez effrayant, il fait froid dans le dos. Parce qu'en fait, il reporte, le rapport de 2020, il reporte une hausse des saisines. Donc les saisines, c'est les dénonciations de personnes qui se sont senties victimes de pratiques toxiques ou des proches de personnes qui ont fait connaître des possibles pratiques à risque. Cette augmentation elle indique que du coup en 2021 il y a eu plus de 4000 saisines, ça signifie que des personnes se sont senties victimes ou des proches de personnes ont fait appel à cette mission interministérielle afin de dénoncer des pratiques et mouvements toxiques. L'augmentation en fait elle est préoccupante et elle est importante à prendre en compte, c'est pour ça que moi j'ai eu envie de zoomer un petit peu sur ce rapport pour comprendre ce qui s'était passé. C'est vrai que cette augmentation a eu lieu dans le contexte du Covid et elle avait déjà eu lieu en 2020. Donc en fait, il y a eu une augmentation par rapport à 2020 et en 2020, il y avait une augmentation déjà par rapport à 2019. Donc le contexte du Covid lié au fait que les personnes se sont senties isolées, ont cherché des réponses dans des pratiques alternatives, complémentaires et se sont peut-être senties plus fragiles et donc plus facilement manipulables. Donc ça explique aussi pourquoi il y a eu une augmentation des saisines. Par ailleurs, un besoin de chercher d'autres voies avec une perte de confiance envers les discours officiels. 


Alors ce qu'on observe en fait, c'est qu'il y a eu des nouvelles pratiques qui sont rentrées dans les dénonciations, dans les saisines. Alors, la naturopathie, ça fait longtemps qu'on est dans la liste. Mais voilà, les pratiques qu'on observe, c'est les pratiques liées à la nutrition, liées au néo-chamanisme, liées aux techniques de développement personnel, au coaching, aux pratiques énergétiques, Reiki, etc. Donc, en gros, si vous êtes praticien du bien-être, du développement personnel, de pratiquer une spiritualité, que vous accompagnez des personnes dans un cadre de pratiques qui ressemblent à ce que je viens d'énumérer, je vous invite à lire le rapport de la mission. 


Alors, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'effectivement, s'il y a eu une augmentation des saisines, c'est qu'il y a eu à la fois des personnes qui se sont senties abusées et des personnes qui ont abusé. Donc, j'ai essayé de réfléchir, j'ai essayé de mettre à plat et de comprendre la dynamique de ce qui a pu se passer, de ce qui s'est passé. Et puis évidemment, j'ai intégré dans ma réflexion des éléments que d'autres avaient déjà, on va dire, soulignés. Toutes mes sources sont dans la description du podcast. 


Alors, pourquoi plus de saisines ? Pourquoi on a une augmentation des saisines ? Ce que j'expliquais aussi un petit peu juste avant, c'est qu'il y a des personnes qui se questionnent, qui se sentent déboussolées, qui perdent confiance dans le système actuel, surtout pendant le Covid. La crise sanitaire a renforcé ce phénomène et elle a favorisé l'émergence de nouvelles mouvances. Et donc des personnes qui peuvent profiter de la vulnérabilité d'autres personnes. Alors en fait, quand on ne va pas bien, on peut avoir tendance à chercher à l'extérieur de nous des personnes qui vont nous sauver, des formules magiques, des solutions miracles. Et du coup, on peut avoir tendance dans ces cas-là à donner notre pouvoir à d'autres personnes ou à d'autres institutions, organisations ou même des produits. Donc ça, c'est un premier point. S'il y a vulnérabilité, il y a aussi plus de risques. Donc ça, c'était un point par rapport aux personnes qui se sont senties abusées. 

L'autre point important, c'est pourquoi il y a des “abuseurs”, on va dire. Alors, je pense que dans la multiplication aujourd'hui des pratiques, dans la thématique du bien-être, de la spiritualité, des accompagnements complémentaires, on va dire, il y a eu un boom, on va dire, de ces pratiques. Et c'est vrai qu'il y a un phénomène de précipitation, c'est-à-dire qu'il n'y a pas forcément des pratiques qui sont cadrées, il n'y a pas forcément des pratiques qui ont des formations très claires, très délimitées. Et on peut parfois découvrir un outil pour soi et on veut tout de suite le transmettre et le faire pratiquer sans prendre le temps de l'intégration. Et parfois, si ça va trop vite, on n'a pas assez de clés en main pour assurer les conséquences de tels accompagnements. Alors c'est vrai qu'on peut avoir tendance à s'exposer trop vite, on apprend quelque chose, on veut vite le partager, on veut vite l'offrir au monde, on veut vite organiser des stages. Et on oublie en fait que le temps de digestion, il est nécessaire. Mais bon, ça c'est on va dire une conséquence surtout de notre système et c'est un reflet en fait d'un mode opératoire précipité. 


Alors le point 3 que je voulais développer, il est lié au point 2, et je l'ai déjà noté quand je parlais de la naturopathie tout à l'heure, c'est le manque de formation et en fait comme les pratiques de bien-être, de médecine complémentaire, de spiritualité, notamment en France, elles ne sont pas encadrées légalement et en fait, elles ne sont pas structurées légalement, il n'y a pas de reconnaissance étatique, donc il existe de tout et n'importe quoi. Et il y a des professionnels qui ne sont pas forcément correctement formés. Et notamment, quand je dis correctement formés, c'est avoir reçu un bagage suffisant pour être en mesure de poser un cadre à sa pratique et d'être capable, comme je vous le disais tout à l'heure pour la naturopathie, de déléguer au corps médical, d'observer des signes cliniques qui nous mettent la puce à l'oreille et qui nous disent “non, je ne peux pas prendre en charge, c'est hors de mon cadre de pratique”. 

À l'EPSN, on parle de drapeau rouge, drapeau orange, drapeau vert. Mais en tout cas, tout ce que je voulais vous dire c'est que si on accompagne les personnes mais qu'on n'a pas ces connaissances préalables, eh bien, on peut faire des conneries et on peut entraîner des personnes dans des espaces qui ne sont pas du tout sécuritaires. Et c'est la même chose pour la relation d'aide : il y a des bases pour accompagner des personnes et puis ça demande une formation, et parfois un mentorat, des stages… en tout cas, de l'expérience, on va dire. 


Alors du coup, vous pouvez vous poser la question si vous vous adressez à un professionnel de ce milieu-là : quelle formation il a fait, est-ce qu'il a eu un mentorat, où est-ce qu'il a appris ? Si c'est une pratique exotique, vous vous intéressez à depuis combien de temps il pratique cette pratique, combien de temps il est resté au pays d'origine, est-ce que le nom de l'enseignant apparaît quelque part... 

Par exemple, au Mexique, les praticiens, les médecins en médecine traditionnelle, ce titre est réservé à des praticiens ou des médecins traditionnels qui ont pratiqué auprès d'un médecin ou d'un praticien traditionnel minimum 5 ans, et qui ont été reconnus au sein de la communauté, qui ont eu comme une autorisation de pratiquer et d'avoir le titre. Donc ce n'est pas “je vais à un voyage deux semaines, et puis je repars et je suis praticien en médecine traditionnelle mexicaine” par exemple. Donc c'est plus compliqué et tout prend du temps, alors que ce soit une formation issue d'une école professionnalisante établie en France, ou que ce soit une formation venant de pratiques étrangères, dans ce cas-là, il faut se poser la question de la discipline, de l'intégrité aussi de ce praticien. 


Le manque de cadre entraîne aussi une sensation d'insécurité et probablement est une des raisons pour lesquelles il y a une augmentation des saisines. Le cadre, il apporte la sécurité. Le cadre, ça permet la confiance et c'est la racine d'un accompagnement qui est sain. Ce manque de cadre, il est lié aux deux points précédents : précipitation et manque de formation sérieuse. 


Alors, le point 5 que je voulais développer, c'est lié également au point que j'ai déjà développé avant, c'est le fait que, eh bien, parfois, il y a des pratiques qui sont dangereuses et qui devraient normalement être dans l'exclusion thérapeutique. Ça veut dire qu'en tant que praticien en médecine complémentaire, en pratique naturelle, bien-être, on devrait être capable en tant que personne qui travaille dans la relation d'aide, d'être dans une démarche complémentaire et inclusive à la médecine allopathique, et en aucun cas, on doit encourager à arrêter un traitement en cours ou d'arrêter d'accompagnement médical. On doit être capable de reconnaître les signes cliniques qui induisent obligatoirement la délégation au corps médical et on doit si possible pouvoir travailler en collaboration avec lui. Nos approches, elles sont complémentaires et elles doivent rester complémentaires et on doit agir en prévention. Il faut bien comprendre que la médecine allopathique – enfin moi je le répète toujours à mes étudiants et moi j'en suis persuadée – elle a sa place et c'est une excellente médecine d'urgence. Nous, en tant que praticiens dans le monde de la médecine complémentaire du bien-être, on est en accompagnement, en parallèle. On n'est pas un substitut, en fait. 

Donc, il y a peu de praticiens qui sont capables de reconnaître les signes cliniques d'urgence. Et en fait, c'est là où on avance sur une ligne qui est dangereuse. Donc, chacun sa place. Et par exemple, en tant que naturopathe, on est éducateur en hygiène de vie et nous ne sommes pas professionnels de santé. 


Alors, je vais parler aussi maintenant de l'emprise, de la manipulation et des abus de pouvoir et des abus de financier qui sont notés dans ce rapport aussi. On va essayer de comprendre pourquoi ça peut être mis en place. 

Alors, ce qu'il faut comprendre, c'est que dans ce monde du bien-être, du développement personnel, de la spiritualité et des médecines complémentaires, on a beaucoup de personnes qui sont issues de la reconversion professionnelle et qui, bien souvent, proviennent de milieux liés à la publicité, au marketing, au commerce. Alors moi, je suis très bien placée pour en parler, puisque j'ai un master en économie internationale. Je n'ai jamais pratiqué dans ce cadre-là, j'ai directement bifurqué dans la naturopathie. Je me suis formée à la suite de mes premières études. Ceci étant, évidemment, j'ai étudié, en fait, le fonctionnement économique de notre monde, de notre système. Et puis, j'ai eu des cours de marketing et de publicité donc, quand on pratique le marketing et la publicité, on a des outils entre les mains qui sont des outils de manipulation en fait et qui nous permettent d'avoir des stratégies commerciales pour vendre un produit d'une manière plus efficace. Alors, on doit tous vivre donc c'est ok en fait de pouvoir vendre à un prix juste nos pratiques mais la problématique c'est que tout devient source de profit. Et donc aujourd'hui, dans ce monde-là, on voit une commercialisation à outrance des plantes, des minéraux, des soins, des retraites... Et en fait, tout ça, c'est des produits comme des autres. On voit même des symboles spirituels qui sont utilisés, récupérés, souvent en appartenant à d'autres cultures qui sont récupérées pour faire du profit. Donc là, on est dans un schéma toxique, on va dire. Alors, vous me direz, “oui, mais comme tout le reste”. Sauf que là, on a la santé des gens qui est mis entre les mains. Donc, on va jouer sur le fait qu'il y a un manque. Et comme notre société, elle est basée sur l'idée du manque, eh bien, en fait : “je ne suis pas assez, je suis vide, en quelque sorte, et je dois m'améliorer. Et pour m'améliorer, pour me sentir mieux, je dois consommer. Pour remplir le vide, je dois consommer. Et si je ne consomme pas, je ne m'améliore pas. Et si je m'améliore et je consomme, je serai plus satisfait et plus heureux”. Donc, c'est ce qui nous pousse à, on va dire, investir dans des stages, des formations, des retraites, des compléments alimentaires, des plantes, des minéraux, tout un tas d'objets qui pourraient améliorer la qualité de vie et nous rendre, en fait... plus heureux, plus remplis. Donc ça c'est en fait jouer sur l'idée du manque qui est vraiment propre à notre société capitaliste et consumériste. Et donc, du coup, en fait, on perpétue le même schéma, sauf qu'on est dans un monde qui paraît plus vert. 

Il y a aussi, dans ce schéma qu'on peut observer, des abus de pouvoir qui sont liés à des abus économiques. Parfois, il n'y a pas de mauvaise intention, c'est ce que je disais avant, ce n'est pas des mauvaises intentions, mais c'est simplement de la négligence. Dans le monde du bien-être aujourd'hui, c'est un schéma capitaliste qui se reproduit. Le modèle économique dans lequel on est, c'est un modèle de croissance, de productivité. C'est un modèle qui est basé sur l'inégalité et sur l'exploitation des ressources naturelles, comme les minéraux, les végétaux, les animaux, bien souvent venant d'autres pays que le nôtre – ça, ça nous rappelle ce qui s'est passé avec les dynamiques de colonisation et ce qui continue avec le néocolonialisme. Et donc, en fait, notre société occidentale industrialisée, elle est basée sur ce système économique et tous les domaines de notre société sont baignés dans ce modèle. Donc les mondes du bien-être, du développement personnel, de la spiritualité, aujourd'hui, répondent exactement à la même dynamique. Et cette même dynamique, elle entraîne, elle est assez perverse en fait pour notre santé, puisqu'elle entraîne une exploitation des ressources humaines, et donc elle nous entraîne dans l'épuisement, dans le stress. Et du coup, comme on est épuisé, qu'on est stressé, on va aller chercher des méthodes naturelles de bien-être pour nous rééquilibrer. Donc, on est dans une espèce de cercle vicieux. 

Et puis surtout, en fait, on est dans un modèle où on a une idéologie du perfectionnisme qui est présente et qui est imbibée dans notre système de croyance. Et en fait, cette idée de perfectionnisme, c'est un prolongement de cette idée du manque. que je développais juste avant et de cette sensation d'insuffisance. Donc, en fait, on a l'impression qu'il y a un état final à atteindre et l'oisiveté, elle n'a pas sa place. Et donc, en fait, ce qui se passe, c'est qu'on va dans le milieu du développement personnel, dans le milieu de la spiritualité de nos sociétés occidentales industrialisées, eh bien, bien souvent, on va appliquer ce même schéma et on va essayer de se perfectionner et d'atteindre. atteindre un idéal de perfection. Alors là, on rentre dans une espèce de cercle vicieux de pratiques et de routines à faire et à perdurer pour pouvoir atteindre un idéal. Et du coup, en attendant d'atteindre cet idéal, on ne sent juste pas assez bien et on doit consommer, faire plus, apprendre plus. pour pouvoir atteindre cet idéal. 

Bon. Je ne sais pas si vous avez compris la dynamique que j'essaye de vous expliquer. Tout ça pour vous dire que si on reste bloqué sur ce mode de croyance-là, on peut tout à fait reproduire le schéma dans n'importe quel domaine de notre vie. Donc la spiritualité est encore source de stress et elle est encore source de consommation pour se remplir, de consommation de produits, d'expériences, en général. 


Donc la santé, c'est un produit comme un autre. Et du coup, on observe une surconsommation de certains éléments qui sont vendus comme étant des essentiels pour se sentir mieux, pour purifier l'énergie de la maison, pour harmoniser un lieu, pour se soigner. Je donne les exemples, par exemple, de la sauge blanche qui appartient aux natifs de l'île de la Tortue, de Palo Santo, des pierres de lithothérapie. Et en fait, on a des conséquences qui sont catastrophiques sur ces ressources naturelles, parce que ce sont des éléments qui n'appartiennent pas à nos terres et qui sont surutilisés par nous et qui privent les locaux et les natifs de leurs usages. Donc ça, on aura l'occasion d'en reparler. Ou alors, c'est des économies qui sont basées sur un système d'exploitation où on a complètement la destruction de la terre et on a une sur-exploitation de la main-d'œuvre à des prix dérisoires et dans des conditions de travail terribles. – Donc ça, on aura l'occasion d'en reparler, surtout dans le prochain épisode. On parlera de la population culturelle, du néocolonialisme et de pratiques extractivistes. 


Donc ça pour dire que, attention, attention, attention, quand on vous vend des produits pour vous sentir mieux, attention, regardez d'où ça vient, ces produits, d'où ils viennent, qui les a collectés, dans quel zone géographique, dans quel mode de production, d'exportation, est-ce que la ressource, elle est abondante ou pas ? Informez-vous, ce n'est pas parce que c'est naturel, que c'est vert, que c'est bio, que c'est forcément éthique et écologique. 


L'autre point que je voulais aborder, c'est le tourisme spirituel et les retraites qui foisonnent, foisonnent, foisonnent. Là, encore une fois, je suis bien placée pour en parler puisque pendant trois années de 2015 à 2018, j'ai organisé des stages, beaucoup de stages de naturopathie, de yoga, de cours de cuisine, etc. Donc voilà, je m'y suis intéressée. Et puis aujourd'hui, j'habite dans un pays, le Mexique, et dans une zone géographique, l'État de Oaxaca, qui est touchée en grande quantité par du tourisme spirituel, en fait. Et c'est pour ça que ça va être traité, ce point, notamment dans le prochain épisode. 

Donc en fait, cette multiplication du tourisme spirituel, ce besoin de s'évader pour aller vivre des expériences d'illumination à l'étranger et le besoin de partir en retraite, c'est une réponse aux abus de notre système économique qui exploite et qui nous épuise. On a des corps qui sont poussés à la limite de l'épuisement et en fait, du coup, on est dans un cercle vicieux puisque on s'épuise et donc on a besoin de consommer des retraites, partir en vacances pour se ressourcer. Et on extrait la spiritualité du quotidien, puisque en fait c'est comme si on gardait comme domaine exclusif de la spiritualité ces périodes de vacances, ces périodes de stages, de retraites, dans des endroits paradisiaques et dans des endroits complètement sortis du cadre de notre vie quotidienne. Et en fait, c'est des éléments, c'est des escapades très bien momentanément qui peuvent faire beaucoup de bien, qui peuvent permettre de vraiment clarifier, se ressourcer, se régénérer. Mais par contre, il est important et nécessaire de sentir qu'on arrive à réancrer cette spiritualité dans le quotidien, dans la pratique, et comment on arrive à intérioriser tout ça dans nos quotidiens, sans avoir besoin de passer par la consommation. Voilà. 


Donc ça, c'est des points que j'avais envie de développer pour souligner les dérives du schéma consumériste qu'on peut observer dans le milieu du bien-être, des médecines complémentaire, du développement personnel et de la spiritualité aujourd'hui. On est dans ce qu'on appelle le capitalisme de la santé. Alors évidemment, on ne parle pas des dérives de la médecine allopathique et des laboratoires pharmaceutiques, ce n'est pas le sujet de ce podcast, moi je reste dans mon domaine de prédilection. Mais en tout cas, on est dans un capitalisme de la santé. Ça veut dire qu'on est dans un régime économique et social dans lequel l'accumulation du capital, c'est l'idéal à atteindre. Et même dans ce domaine du développement personnel, de la médecine complémentaire, des pratiques de bien-être, on est dans le même schéma. Et en fait, les revenus, c'est l'objectif. 


Alors pour résumer, il y a augmentation des abus, dès lors qu'il y a des personnes en situation de faiblesse, d'épuisement, et dès lors qu'il y a une baisse du discernement, des personnes qui vont chercher une solution miracle, une technique ou une personne qui va les sauver. Alors là, on doit vraiment se rappeler qu'il n'y a jamais personne qui peut nous “sauver” et que les réseaux sociaux, notamment, c'est des vitrines, alors la personne qui peut paraître comme étant une figure d'autorité pour nous, elle montre ce qu'elle veut, elle projette ce qu'elle veut, en fait. Et parfois, on peut idéaliser ces personnes et on peut manquer de discernement et leur donner notre pouvoir. On n'oublie pas qu'on est toujours maître à bord de notre vie et que personne et rien autour de nous peut nous “sauver”, on va dire. Ça, c'est un point important, en fait, pour garder la conscience bien au centre. 

Par ailleurs, si on est praticien et qu'on veut éviter d'être dans des relations de domination et de dominer, c'est important d'avoir la connaissance de ce qu'on appelle le transfert thérapeutique et d'être capable d'observer des transferts, d'être capable d'observer quand l'autre nous met à une place qui est démesurée et que l'autre nous donne son pouvoir. On doit être capable de poser aussi notre limite et remettre le cadre à sa juste place. 

Il faut qu'on se rappelle aussi que à titre individuel, c'est important qu'on soit bienveillant envers nous parce qu'on fait partie d'un système qui nourrit l'idée du manque, l'idée que le fait de consommer est le choix le plus judicieux pour régler cette problématique du manque et nous sentir mieux. Et on est aussi dans un système de fonctionnement qui nous pousse dans une croyance qu'il y a un idéal de perfection à atteindre, qui est un idéal souvent utopique et qui peut aussi nous enfermer dans un modèle de consommation et un modèle de dévalorisation de soi. 

On aura l'occasion de parler de tout ça dans le prochain podcast où j'aborderai aussi les dynamiques coloniales, en fait. Et on comprendra aussi la racine de tous ces systèmes de croyances qui nous imprègnent autant dans notre société moderne occidentale, aujourd'hui. 


Voilà, alors évidemment, ce qui est aussi important, c'est de faire la part des choses, et ce n'est pas parce qu'une pratique est différente et que c'est une pratique qu'on ne connaît pas que c'est forcément une pratique qui est dangereuse. Donc, les signes mentionnés avant, ils doivent vous alerter, mais en tout cas, ce n'est pas tout ce qui est différent qui est dangereux. 


Alors, je vais faire un zoom sur ce que je vous racontais par rapport à l'hyper-consumérisme des produits qu'on peut trouver dans le monde du bien-être, de la spiritualité et des médecines naturelles aujourd'hui, et je vais parler de ce qu'on appelle l'extractivisme. 

L'extractivisme, selon Wikipédia, je vous donne la définition que j'ai trouvée, c'est une pratique qui consiste à extraire directement dans le milieu naturel et sans retour vers lui – ça c'est un point important, sans retour vers lui – des ressources naturelles qui ne se renouvellent pas ou peu. lentement, difficilement ou coûteusement. Ce qui est extrait le plus souvent, c'est des matières ou des matériaux, des organismes vivants comme des plantes, des champignons, des animaux, des sources d'énergie comme l'uranium, l'hydrocarbure fossile, le bois énergie ou les biomasses, ou des molécules. Alors pourquoi ça nous concerne ici ? Parce que dans les usages de plantes médicinales, donc pour l'industrie pharmaceutique, mais aussi pour l'industrie du complément alimentaire dans le monde du bien-être, on est dans des pratiques extractivistes, et ça veut dire qu'on a des pratiques, des cueillettes, des cultures qui sont intensives et qui ne sont pas du tout dans le respect du rythme naturel et des coefficients qu'on devrait respecter pour permettre aux ressources de se régénérer. Et puis par ailleurs, dans la vision animiste de la nature, on devrait devoir demander la permission avant de prélever des ressources. Alors ça, on y croit, on n'y croit pas, mais en tout cas, c'est un garde-fou de penser de cette manière-là : cette philosophie, elle me paraît être une philosophie qui permet de mettre un cadre plus respectueux des ressources naturelles. 


Alors, dans ce point-là, j'ai envie de parler du coup de la surexploitation des plantes. Eh bien, il y a un livre que je vous conseille de lire. C'est le livre du docteur Aline Mercan qui s'appelle Le manuel de phytothérapie écoresponsable qui a été publié aux éditions Terre Vivante en 2021. Et c'est un livre qui est un bon guide pour savoir quelles plantes on peut utiliser ou pas en fonction de leur risque, enfin le risque de la disparition de la plante. Voilà. Donc, c'est important de prendre conscience que ce n'est pas parce qu'on utilise une plante ou un complément alimentaire à base de plantes, qu'on est forcément dans une pratique qui est juste, écologique, éthique. Donc c'est important de vous renseigner sur l'origine des plantes que vous utilisez, peut-être l'état de la ressource au niveau mondial. Et puis moi, mon conseil, c'est quand même de vous adresser plutôt à des plantes qui sont locales. Et donc, il est nécessaire de s'informer de l'état des ressources en termes quantitatifs de la plante qu'on utilise ou qu'on souhaite utiliser et peut-être effectivement aller encore plus loin et de s'informer sur le contexte économique, social et politique qu'il peut y avoir autour de cette ressource. J'avais envie aussi de souligner, parce que c'est un bon exemple des abus extractivistes qu'il peut y avoir par rapport aux plantes. 

C'est le cas des huiles essentielles dont on vante les mérites aujourd'hui dans les médias et sur les réseaux sociaux, et dont on pourrait penser que c'est une solution, une alternative naturelle fort intéressante : et bien en fait, les huiles essentielle, ce n'est pas du tout écologique, puisque par exemple, si on regarde la quantité de plantes qu'il est nécessaire pour faire un flacon, c'est assez hallucinant. Par exemple, imaginez que pour une dizaine de kilos de lavande fine, il faut 1 tonne de plantes fraîches. Pour 1 à 3 kg de thym en huile essentielle, il faut 1 tonne de thym, et puis de même pour le géranium rosa. Ou encore pire, pour faire 150 à 200 g de fleurs d'oranger en huile essentielle, il faut une tonne de fleurs d'oranger. Donc on est dans un mode d'extraction des principes actifs de la plante qui n'est pas efficient en termes écologiques. 

Alors évidemment on a un concentré des principes aromatiques dans l'huile essentielle, ce qui peut la rendre intéressante par exemple dans certains cas pour pour des diffusions atmosphériques par exemple, sur certaines plantes qui ne sont pas du tout en voie d'extinction, comme des sapins baumiers ou des épicéas par exemple pour nous dans nos montagnes. Et ça peut être aussi ponctuellement, en cas de coup de froid, utiliser des huiles essentielles de ravintsara par exemple sur les poignets, mais en aucun cas être destiné à un usage quotidien en substitution des autres types d'usages des plantes qui sont possibles. 

Alors, mieux vaut privilégier la tisane, par exemple, que d'utiliser des essentiels à outrance. Là, on a un bon exemple aujourd'hui d'un marché énorme qui est celui de l'huile essentielle et de ses conséquences écologiques sur des plantes qui sont en train de disparaître. C'est par exemple le cas du bois de rose qui est aujourd'hui une ressource en voie en danger d'extinction. 

Toutes ces informations, vous pouvez les retrouver dans le livre du docteur Aline Mercan et je vous invite vraiment à vous le procurer si ça vous intéresse, d'avancer d'une manière plus éthique avec les plantes. 


Dans la même idée de ces pratiques extractivistes qu'on peut retrouver dans les produits qui sont mis sur le marché, ésotériques, spirituels, des médecines complémentaires et naturelles, c'est tout un tas de produits qu'on peut nous vendre, notamment je pense aux pierres, aux minéraux qui sont vendus pour la lithothérapie. Alors ça, c'est une thématique que je connais bien puisque mes parents, c'est des minéralogistes et ça fait plus de 40 ans qu'ils font ce métier et ils ne sont pas du tout lithothérapeutes, mais par contre, ils sont touchés de plein fouet par l'avènement, l'essor, la grande croissance de la demande qu'ils peuvent ressentir par rapport à des pierres pour la lithothérapie. Mais quand on se tourne plus précisément sur le contexte d'extraction de la pierre, notamment par exemple, si ça vous intéresse, il y a quelques quartz roses, je vous ai mis le lien vers un documentaire dans les ressources du podcast, et voilà, si on s'intéresse par exemple au quartz rose, à quel endroit, d'où ça vient ? Ça vient de Madagascar, c'est extrait des mines par des personnes de basses ressources, dans des conditions de travail plutôt douteuses et dans une dynamique d'extraction qui est quantitativement énorme et donc en fait on est dans une démarche pure d'extractivisme dont je vous ai parlé, et en plus d'extractivisme colonial puisque la plupart du temps c'est des entreprises étrangères qui exploitent les ressources et qui les vendent sur le marché français. Et donc du coup ce que je voulais juste vous dire c'est que c'est pas parce qu'on vous vend dans le domaine du développement personnel et de la spiritualité, des techniques naturelles, des produits, des plantes, des minéraux, des ressources qui peuvent paraître vertes, qu'elles sont forcément éthiques et qu'il n'y a pas forcément d'exploitation derrière de la nature et de l'humain. Donc ça c'est aussi un point que je voulais relever par rapport à nos pratiques et comment en fait on peut repenser nos pratiques pour les rendre plus justes, plus simples, et sortir de ce schéma de surconsommation de ce schéma de capitalisme d'exploitation des ressources : comment on peut faire ? 

C'est une invitation que je donne ici, moi aussi j'ai eu fait des erreurs et je continue à en faire parce que c'est aussi des mouvements qui sont infinis et c'est très évolutif parce qu'une ressource elle évolue aussi donc ça demande de se mettre à jour d'être au courant, de s'informer... Voilà je vous invite à prendre l'habitude de le faire si ce n'est pas déjà fait, pour plus qu'on se fasse avoir et pour plus alimenter un marché qui est nuisible pour la terre et nuisible pour les hommes. 


Dans la même idée, dans ces pratiques extractivistes, on a les pratiques immatérielles, qui sont des pratiques traditionnelles, des pratiques culturelles. C'est l'exemple d'une personne française qui va, par exemple, à l'étranger, qui s'intéresse à une culture à l'étranger, à une pratique traditionnelle, spirituelle, médicinale à l'étranger, et qui va prélever une partie de ces éléments et ramener la partie qui l'intéresse, par exemple en Occident, tout en enlevant le contexte peut-être douloureux du pays, de la culture, le contexte colonial par exemple. Et puis on va faire des raccourcis pour que ce soit des pratiques qui soient plus vendables en Occident. Et on va en plus transmettre ces pratiques d'une manière peut-être précipitée, et ça revient au point dont je parlais tout à l'heure, manquant d'un travail réel d'intégration, peut-être d'un contexte de respect du contexte culturel, et puis sans respecter le timing. C'est ce qu'on appelle notamment l'appropriation culturelle et c'est vrai que c'est une pratique qui sévit de plus en plus dans nos milieux et donc j'aurai l'occasion de reparler dans le prochain podcast que c'est un point essentiel que j'ai envie qu'on traite. 

C'est un point qui me touche particulièrement parce que moi j'habite une partie de l’année au Mexique et j'habite dans une région qui est particulièrement touchée par le tourisme spirituel et par le tourisme extractiviste. Et de fait, j'ai beaucoup de choses à raconter par rapport à ça, et de prises de conscience aussi à partager de ma part. 


Donc on va dire que ça, je vous en parle ici parce que ça fait partie pour moi des dérives de nos pratiques aujourd'hui, du bien-être, du développement personnel, de la spiritualité, des médecines naturelles, c'est, à quel prix, en fait, eh bien, on va vendre et acheter des produits avec une image peut-être que ce sont des produits naturels. Donc, ne vous faites pas voir. Arrêtons – je me mets dans le panier – de nous faire avoir par des pseudo-pratiques et pseudo-ressources qui seraient naturelles vertes. 


Alors moi aussi, quand j'ai appris la naturopathie au début, j'étais une fervente consommatrice d'huiles essentielles, et puis quand j'ai commencé aussi mes recherches d'une spiritualité encore plus profonde et peut-être même quand j'ai fait mes recherches, que j'ai exploré le yoga, que je suis partie en Inde, que j'ai exploré des pratiques énergétiques, que j'ai souhaité me rendre en Mésoamérique. Eh bien, j'avais aussi beaucoup de points sur lesquels j'avais de l'ignorance, où j'ai fait des maladresses, j'ai fait des erreurs. Voilà, on doit tous apprendre, et ça passe aussi par se rendre compte, se questionner, s'interroger, et puis corriger, réorienter nos manières de faire. 


On arrive à la fin de ce podcast. J'espère que ça vous a plu, ça vous a nourri. J'ai envie de vous inviter à me suivre dans le prochain épisode où on va détailler les principes de l'exotisme spirituel, de la propagation culturelle. Mais aussi on va parler d'inclusion, on va parler de racisme systématique dans nos pratiques, on va parler aussi de privilèges, et on va parler de spiritualité blanche, et on va parler aussi de spiritualité New Age, parce que c'est aussi des termes qui reviennent beaucoup aujourd'hui. Et on va essayer d'éclairer ces dérives aussi, et d'essayer de réfléchir à comment on peut repenser nos pratiques, encore une fois pour être dans une démarche plus éthique, plus juste, et puis grandir ensemble. 


J'espère que ce podcast vous a plu, et vous pouvez retrouver toutes les ressources mentionnées pendant ce podcast, et bien plus, dans la page qui est dédiée. 

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